Je ne comprends pas. Je me rends compte que cela fait quelques temps que J’ai du mal à me réveiller, me lever du lit. Je ne comprends vraiment pas ce qui m’arrive, moi qui cours partout d’habitude (pour ne pas être en retard le matin, le soir, dans les couloirs de mon travail, pour ne pas rater un avion ou un train) et bien aujourd’hui je me rends compte que cela fait des jours que je ne cours plus, que je marche comme une petite vieille. A deux à l’heure…

Forcément, j’ai dû choper un virus. Moi qui n’ai pas l’habitude de m’écouter, je vais quand même aller consulter mon médecin, on ne sait jamais…

« Bonjour Docteur, je me sens vraiment très fatiguée en ce moment. Je dors mal la nuit et me réveille tout le temps vers 4h du matin en pensant à mon travail. »

Après être passée par la case « prise de sang » et de retour avec mes analyses, son verdict tombe et ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais : « Vous êtes en Burn In ! « 

En BURN IN ??? mais qu’est-ce que c’est que ça ?! j’ai déjà entendu parlé du BURN OUT mais pas du BURN IN ! Sur l’instant je pense qu’il se trompe de mot ! Mais non c’est bien le BURN IN. Cela existe vraiment. Analyses et chiffres à l’appui il m’explique que mon taux de Cortisol est trop haut et que mon taux de DHEA est trop bas et surtout que le Burn In est l’étape ultime qui précède le Burn Out. Donc c’est un problème à la fois physique, puisqu’on peut le diagnostiquer à travers une prise de sang; et psychique puisque c’est induit par une fatigue émotionnelle et une surcharge mentale ou surcharge de travail.

Bon ok, qu’est-ce que je dois faire ? Réponse du médecin :  » j’ai bien une solution : quittez votre travail ! »

Stupéfaite je rétorque : « Euh alors pardon mais je ne peux pas, je suis seule avec mon enfant, je viens d’acheter une maison et mes patrons comptent sur moi ! » Tout est dit…

Je trouve cette solution quelque peu radicale pour une « petite baisse de forme« …

Ce à quoi le médecin me dit clairement :  » Ok mais quand vous serez en Burn Out, c’est-à-dire quand vous ne pourrez vraiment plus vous sortir du lit et que vous serez incapable de vous occuper tout simplement de vous et de votre enfant, est-ce que votre patron viendra vous aider ?? »

Gros blanc car bien évidemment la réponse est NON !

Je suis loyale envers l’entreprise pour laquelle je travaille. Je ne suis quasiment jamais en arrêt maladie car je sais que si je m’absente, à mon retour la charge de travail aura encore doublé. 

Mais la véritable question est : pourquoi j’en suis là aujourd’hui ?

Ok j’ai bien compris que mon boulot y est pour beaucoup, sans oublier le trajet (presque 2h par jour c’est trop). Mais il y a aussi ce qu’on appelle la charge mentale : seule avec un enfant on doit tout faire et penser à tout. On a une deuxième journée qui débute après 18h… Mais je ne peux pas quitter mon travail, je viens d’acheter ma maison avec son crédit à rembourser, et tous les travaux que je dois y faire… 

« La précarité (crainte de perdre son emploi et/ou sa source de revenu), la surcharge de travail, le besoin d’être reconnu par ses collègues ou ses supérieurs ainsi que la culture d’entreprise valorisant à outrance la performance, la résistance au stress, l’endurance et le courage, etc. sont au nombre des facteurs qui induisent le phénomène. » Par Evelyne Josse, psychologue et psychothérapeute, superviseur de psychothérapeutes, consultante en psychologie humanitaire. INFOS en fin de page.*

Ok donc deuxième question : qu’est-ce qui compte le plus pour moi ?

La réponse est évidente (parfois pas pour tout le monde) ma santé et surtout mon enfant. Il est tout simplement hors de question que je ne puisse plus m’en occuper.

Conclusion je dois réagir au plus vite : il n’y a que moi qui puisse changer les choses. Personne ne le fera à ma place. Le message du médecin est clair : je dois lever le pied et reconsidérer mes priorités.

Pas facile, mais ai-je vraiment le choix ? NON !

Après cet épisode, j’ai pris rendez-vous avec ma DRH. Il fallait vraiment qu’on discute de ma charge de travail qui était devenue une surcharge. Et puis finalement l’idée de changer de métier a fait son chemin. L’envie, le besoin d’être à la fois utile aux autres et en même temps prendre soin de moi avant tout m’envahissait…

Y avait-il un métier qui puisse me contenter ?

Un licenciement et quelques formations  plus tard je nage en plein bonheur. Mais je sais que j’ai eu la chance d’être soutenue moralement dans cette épreuve et ça, c’était vital…

Aujourd’hui Je fais du bien aux autres en les soulageant des maux causés par leur stress quotidien, le même stress qui m’engloutissait, me solidifiait le ventre, le dos et la tête auparavant.

Mais ça c’était dans mon autre vie ….